♥♥ "Mother !", par Darren Aronofsky. Film fantastique américain, avec Jennifer Lawrence, Javier Bardem, Michelle Pfeiffer, Ed Harris (1h55).
Est-ce la première fable de l’ère Trump ? Une envolée gothique sur le thème du leader narcissique, qui mène tout droit à l’apocalypse nucléaire ? Darren Aronofsky voit plus loin : c’est de la destinée humaine qu’il s’agit, des fins dernières, de vous et de moi. Bref, nous voici sur le terrain favori de ce cinéaste halluciné, qui nous donne sa version personnelle de la venue du messie, le gore en bonus. Et c’est bien, ce film ? Oui, une moitié. Et la seconde moitié ? Moins bien.
Je résume : au début, un couple solitaire retape une maison isolée. "Il" (les personnages ne sont jamais nommés) est un écrivain en panne (de stylo et de sexe). "Elle" a vingt ans de moins, et ravale la baraque, qui semble vaguement hantée. Soudain, la demeure est envahie par des étrangers, qui s’invitent, picolent, ouvrent les portes et défont les lits. Angoisse, peur, mauvaises manières, un meurtre.
Fin du premier round, magistral, inquiétant, névrotique, chair de poule tendance "Répulsion". Une accalmie. Puis arrive la deuxième vague de visiteurs, des hordes de fans de l’écrivain qui, enfin, pond un chef-d’œuvre : dans leur délire, les bigots ravagent tout, attendent la venue du bébé de "Elle", comme dans "Rosemary’s Baby". Et là, je vous raconte pas : on est entre la zombie party et le cauchemar psychédélique, avec méga-explosion ultime. Tout y passe : le christianisme est une religion cannibale, la roue du destin védique recycle la vie, Dieu est absent, l’existence est un reboot perpétuel et le gâteau au chocolat dans la cuisine est salopé.