C’est avec une grande tristesse que nous apprenions ce matin la disparition de Jean Rochefort. « C’était l’élégance et la gentillesse, pour Anne Hidalgo. Une voix qui nous captive, un sourire qui nous remplit de bonheur. Une légende. » C’était aussi « MONSIEUR ROCHEFORT » en majuscules pour Vincent Cassel, un artiste synonyme « d’élégance, de grâce, de profondeur et d’humour » pour Elsa Zylberstein. Une disparition qui a surpris tout le monde et provoqué une vague d'hommages . Et pourtant… Il y a deux ans de cela, l’acteur à l’ironie si british avait multiplié les entretiens en évoquant une fin de plus en plus proche.
Dans Centre Presse, Jean Rochefort énumérait ce qui lui restait comme petits plaisirs du quotidien. Plus grand chose en fait… « J'ai été amateur de vin sans jamais abuser, déclarait-il. Mais aujourd'hui, la Faculté me l'a interdit : je ne le supporte plus. C'est fini, comme les rares érections?! Toutes ces petites joies enlevées nourrissent le désir de mourir. » Car oui, il y a deux ans de cela, il était bien question d’un « désir de mourir » pour Jean Rochefort. Dans les colonnes du JDD, en août 2015, l’acteur ajoutait : « Je sens [la mort] venir et je suis content qu’elle arrive. Le corps le demande et la tête parfois aussi. Mais on n’a pas envie de faire du chagrin aux autres. » C’est pourtant bien le cas en ce triste lundi…
Jean Rochefort était reconnaissable à plus d’un titre : une grande élégance, un phrasé très particulier et cette moustache qui ne le quittait jamais. L’acteur de 87 ans, qui s’est éteint dans la nuit de dimanche à lundi,
s’était confié à plusieurs reprises sur ce petit accessoire qui contribuait largement à son charme.
Leconte en 1996, pour lequel il a été nommé pour le César du meilleur acteur dans un second rôle, un prix qui était finalement revenu à Jean-Pierre Darroussin pour Un air de famille.
S’il tenait autant à sa moustache, c’est surtout qu’il n’aimait pas son visage sans. « Sans moustache, j’ai l’air de ce que je suis, une vraie saloperie, un faux-derche sans lèvres. Je n’inspire pas confiance », avait-il avoué au Progrès en 2013. Et, poursuivait-il quelques mois plus tard dans les colonnes de L’Express, « sexuellement, je crois que ça me faisait du tort. »
Avec ou sans moustache, il va terriblement manquer à sa famille – sa fille Clémence, la petite dernière, lui a d’ailleurs rendu un hommage bouleversant– ainsi qu’à celle du cinéma.